1,2 million. C’est le nombre de partenariats qui ont été construits entre des entreprises et des associations en 2015 (Le Rameau). A l’heure où le Gouvernement entend revoir le régime fiscal du mécénat, il semblerait que l’engagement sociétal et local des TPE/PME ait de belles perspectives d’avenir. Alors comment travailler en bonne intelligence avec des organisations de l’ESS tout en générant de l’impact ?

Cette Parenthèse a été écrite à quatre mains avec Tiphaine Vidal, consultante et facilitatrice RSE & ESS. Vous pouvez accéder à la première partie de cette Parenthèse ici.

Idée n°3 : co-construire un projet avec une organisation de l’ESS

Depuis quelques années, on voit également émerger des relations partenariales fortes, visant à développer une offre commune : on parle alors de partenariats en co-construction. Dans ce cadre, entreprises et organisations de l’ESS vont travailler main dans la main autour de valeurs communes et pour répondre à un défi de société.

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Le modèle économique de ce type de partenariats peut être assez innovant. Si parfois le projet co-construit peut s’autofinancer par de la vente de prestations commerciales, il peut parfois faire l’objet d’un montage plus atypique où les deux partenaires lèvent des fonds pour le projet (via le mécénat ou le parrainage), ou bien l’un réalise un apport en industrie et l’autre réalise un apport financier.

Schneider et La Varappe ont par exemple créé ensemble une joint venture sociale, La Varappe Développement Énergie, visant à proposer des services aux petites collectivités dans le domaine des énergies renouvelables (Le Rameau). Plus récemment, HEC et Ticket for Change ont lancé un MOOC qui permet de trouver une idée d’entrepreneuriat social et structurer son projet afin de devenir un entrepreneur du changement.

Les projets co-construits présentent plusieurs atouts en plus de renforcer la relation partenariale des deux parties :

  • Du côté de la structure de l’ESS, ils permettront de développer des projets à plus grande échelle, ou de développer une offre s’adressant à de nouveaux publics, et éventuellement de bénéficier d’un soutien financier pluriannuel.
  • Du côté de l’entreprise, ces partenariats vont venir renforcer ses engagements RSE et améliorer son impact sur les thématiques sociétales associées au projet, tout en lui permettant d’acquérir de nouveaux marchés.

Idée n°4 : choisir des lieux de l’ESS pour vos événements

L’événementiel et la location d’espaces dans des lieux singuliers, souvent gérés par des associations ou des collectivités, sont pour une entreprise un formidable moyen de créer des moments d’événementiel corporate uniques.

Mettre en scène son engagement et ses valeurs dans un cadre exceptionnel est une manière originale et moderne de faire des relations publiques. Par exemple, la Grainerie à Toulouse, fabrique des arts du cirque, met à disposition ses locaux pour des événements… « avec une couleur cirque ». Découverte et inspiration garanties !

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Dans une logique de prestation pure, l’événementiel permet pour l’organisation qui exploite les lieux de développer ses ressources propres. 

Enfin, cela permet aux entreprises d’envoyer un message très positif aux collectivités locales et aux élus, qui seront ravis de voir que les entreprises du territoire « prennent soin » du patrimoine local. 

Idée n°5 : se faire accompagner par une organisation de l’ESS sur une thématique précise

Les organisations de l’ESS ont souvent une expertise peu valorisée, mais unique, sur des thématiques ou des publics bien précis (par exemple l’intégration de personnes handicapées dans l’entreprise). Aujourd’hui encore peu d’entreprises voient les organisations de l’ESS comme détentrices d’une expertise, et c’est bien dommage !

Les TPE/PME se questionnent de plus en plus sur leurs obligations relatives à la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) et sur le chemin à prendre pour s’engager. Si la RSE n’est pas pour le moment une obligation légale pour les TPE/PME, soutenir une cause tout en se faisant aider sur une problématique sociétale peut être un premier pas vers la RSE. Ou peut même venir enrichir une politique déjà en place. Le secteur de l’ESS agit alors comme un levier pour permettre aux entreprises de travailler sur les fameux 17 ODD (Objectifs de Développement Durable) et d’améliorer leur impact social et environnemental

Historiquement, le WWF a été l’une des ONG précurseures de ces partenariats « d’expertise ». Non sans polémique, elle a notamment accompagné Carrefour sur la politique d’achat de sa filière bois, et son logo est désormais apposé sur un grand nombre de produits de l’agro-alimentaire. Derrière cette mise en avant de l’ONG se cache une réelle stratégie partenariale pour aider les marques à avancer vers plus d’éco-responsabilité, que son ancien Directeur Général Pascal Canfin nommait « partenariat transformationnel » (interview de L’Usine, 2017). 

Un autre exemple emblématique est celui de Transparency International France, qui accompagne depuis 2004 le groupe Lafarge dans l’évaluation de son dispositif anti-corruption et la rédaction de sa charte lobbying (Le Rameau).

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Si l’accompagnement se fait dans le cadre du mécénat, l’accompagnement peut être en soi une contrepartie (mais attention à ce que la valeur de l’accompagnement conserve une disproportion marquée avec la valeur du don). Il peut par ailleurs s’effectuer comme une prestation de conseil, à condition que la vente de la prestation ne remette pas en cause la non-lucrativité de l’organisation.

Conclusion : avoir des idées c’est bien, mais avoir une stratégie c’est mieux !

Tout cela prend du temps, de l’énergie et demande de mobiliser des ressources humaines sur la question. Mais cela requiert avant tout de savoir dans quelle direction on avance, pourquoi, ce qu’on en attend… Bref, d’avoir une véritable stratégie !

Si bien sûr l’entreprise n’a a priori pas vocation à s’attaquer dans son coeur de métier à toute la misère du monde, il n’en demeure pas moins qu’elle peut avoir son mot à dire sur ces questions et des compétences à valoriser.

La RSE est au cœur des enjeux de l’entreprise d’aujourd’hui et de demain. Et la philanthropie d’entreprise peut être un outil formidable au service de ces politiques RSE, et au bénéfice des organisations de l’ESS du territoire. Mais attention à la cohérence globale, car comme le souligne Virginie Seghers, co-fondatrice de Prophil, « aucune entreprise ne se dédouanera d’un comportement irresponsable par un mécénat de qualité ; le mécénat alibi ne sera pas l’arbre qui cache la forêt » (Ce qui motive les entreprises mécènes, 2007).

Au bout du compte la question qui se pose est bien celle de la « raison d’être » de l’entreprise : à quoi bon produire de la richesse si elle ne permet pas de construire le monde de demain ?

Pour aller plus loin

Relisez la première partie de cette Parenthèse ici.

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