1,2 million. C’est le nombre de partenariats qui ont été construits entre des entreprises et des associations en 2015 (Le Rameau). A l’heure où le Gouvernement entend revoir le régime fiscal du mécénat, il semblerait que l’engagement sociétal et local des TPE/PME ait de belles perspectives d’avenir. Alors comment travailler en bonne intelligence avec des organisations de l’ESS tout en générant de l’impact ?

Cette Parenthèse a été écrite à quatre mains avec Tiphaine Vidal, consultante et facilitatrice RSE & ESS. Vous pouvez consulter directement la deuxième partie de cette Parenthèse ici.

L’engagement sociétal : effet de mode ou véritable tendance de fond ?

Contrairement aux idées reçues, les TPE et PME représentent l’écrasante majorité des entreprises mécènes en France (96%). Celles-ci sont particulièrement attachées à l’ancrage territorial, le mécénat s’exerçant en très grande majorité au niveau local (Baromètre 2018 CSA / ADMICAL). Du côté de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), on tisse depuis bien longtemps des partenariats avec le secteur dit « marchand », parfois par obligation, mais la plupart du temps par opportunité de développement.

Et pourtant, malgré des dynamiques partenariales fortes et innovantes entre les TPE/PME et l’ESS, les préjugés ont encore la vie dure !

Sur le terrain, il est courant d’entendre des acteurs de l’ESS fustiger les pratiques délétères des entreprises, jusqu’à refuser de coopérer avec elles. Et du côté des entreprises, on ricane souvent de l’amateurisme présumé et de la naïveté des acteurs de l’ESS. 

Pour autant les raisons de travailler ensemble sont plus nombreuses que les raisons de s’opposer. Notamment parce que sur un même territoire, TPE/PME et organisations de l’ESS partagent bien souvent des enjeux communs. Elles ont les unes comme les autres des problématiques de croissance sur des territoires parfois économiquement et socialement isolés. Elles peuvent rencontrer les mêmes problématiques de gestion RH (difficultés de recrutement, gestion des talents et de la cohésion d’équipe). Toutes sont dirigées par des citoyens qui ont à cœur le rayonnement de leur territoire, leur région, etc.

Comment faire donc pour commencer des partenariats efficaces avec des organisations de l’ESS ?

Idée n°1 : faire ses premiers pas avec le mécénat d’entreprise ou le parrainage

Levons tout de suite une confusion trop fréquente : le mécénat et le parrainage sont dans leur stricte définition des outils juridiques et fiscaux, POINT.

Ils peuvent servir le même objectif, mais la véritable différence se fera au niveau de la défiscalisation du don (inexistante pour le parrainage) et de la valeur des contreparties (plafonnées pour le mécénat). En réalité, le régime choisi permettra de donner un cadre aux partenariats conclus.

Encadrés par la désormais célèbre loi Aillagon de 2003, mécénat et parrainage sont en réalité deux régimes fiscaux qui traduisent une pratique très ancienne : celle de la philanthropie. D’abord exercé par de riches individus à l’égard des arts et des sciences, la philanthropie  a su s’adapter à l’air du temps. 

Finie donc l’époque de la philanthropie “à la papa” ou danseuse de président ! Bienvenu.e.s dans l’ère de la corporate philanthropy et des partenariats stratégiques !

Aujourd’hui la philanthropie d’entreprise s’est beaucoup professionnalisée et structurée. Elle est devenue un excellent moyen d’engagement des entreprises, tant du point de vue des dons en numéraire (ou financiers), en nature, ou du mécénat de compétence.

Elle peut très concrètement se traduire par un don qui permet de soutenir globalement l’action de l’organisation, ou plus précisément un projet spécifique vers lequel le don sera « fléché ». 

Certaines entreprises mettent en place des dispositifs de partenariats plus poussés, comme des dispositifs de mise à disposition de collaborateurs (qui vont travailler pro bono pendant un nombre donné de journées pour une organisation d’intérêt général). C’est le cas par exemple d’Altran Technologies France

D’autres organisent un défi solidaire annuel au bénéfice d’une association, comme par exemple Seabird et sa marche solidaire Amalia pour les Baroudeurs de l’Espoir

D’autres enfin vont plus loin et vont jusqu’à créer un fonds de dotation ou d’une fondation d’entreprise pour donner davantage d’impact à leur action d’intérêt général. On pourra citer par exemple le fonds Après Demain ou la Fondation d’entreprise Hermès, dédiés à des thématiques en rapport avec le cœur de métier de l’entreprise d’origine. 

Les partenariats avec l’ESS permet de créer ou consolider un esprit d’appartenance parmi ses collaborateurs. Bien au-delà de ça, il permet de créer une véritable identité de l’entreprise sur le territoire, et permet de renforcer la marque employeur de l’entreprise. L’assureur Monceau Assurance a su notamment créer une véritable dynamique à Vendôme (Loire-et-Cher) en mettant à disposition son Monceau Campus à disposition de ses partenaires associatifs. 

Et pour ne rien gâcher, il convient de rappeler que le modèle français du mécénat est un des plus incitatifs au monde (cocorico !). Une entreprise qui réalise un don au titre du mécénat peut déduire jusqu’à 60% du montant de son don de l’IS (dans la limite de 0,5% de son chiffre d’affaire, ou de celle d’un plafond de 10 000€ pour les TPE/PME). 

Idée n°2 : monter ou rejoindre un club d’entreprises locales

Le mécénat dit « collectif » permet de rassembler des entreprises autour d’un enjeu de société commun. Beaucoup d’acteurs culturels ont développé ce type de démarches ces dernières années, à l’instar du Fonds de dotation Carré Rive Gauche ou encore le club d’entreprises de l’AROP (Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris). Tous les secteurs sont aujourd’hui représentés dans les clubs d’entreprises. 

On peut distinguer deux types de clubs d’entreprises :

  • ceux créés à l’initiative d’entreprises engagées dans des démarches d’intérêt général ;
  • ceux créés par un organisme de l’ESS afin de réunir des partenaires et favoriser leur engagement.

Créer ou rejoindre un club d’entreprises locales permet aussi bien de rassembler des acteurs du territoire intéressés par une même problématique, que de créer des opportunités business et de réseautage. Les délégations locales de la Fondation FACE en sont un bon exemple. 

Nombre d’organisations de l’ESS ont par ailleurs pris les devant et ont créé elles-mêmes leurs clubs d’entreprise, avec pour ambition de fédérer des entreprises autour de leur cause. L’association historique GIAA (Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes) a ainsi initié le « Club Emploi » en 2003, dont les entreprises membres accompagnent les personnes déficientes visuelles dans leurs recherches d’emploi. 

Si le club peut avoir vocation à soutenir financièrement des projets autour d’une thématique d’intérêt général précise, créer une fondation ou un fonds de dotation peut également s’avérer être une belle opportunité ! C’est ainsi que le club d’entreprises partenaires de l’institut Garches créé en 1988, qui favorise l’insertion des personnes en situation de handicap moteur, est devenu la Fondation Garches en 2004. 

Découvrez la suite de nos idées dans la deuxième partie de cette Parenthèse.

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About Axelle Roi

2 Comments

  1. […] Les organisations non profit peuvent développer leurs ressources économiques de plein de manières différentes auprès des entreprises. J’en ai notamment parlé dans ma « Parenthèse n°10 – TPE/PME : 5 idées pour des partenariats efficaces avec l’Économie soci…« . […]

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