Vous vous intéressez au fundraising mais vous ne voulez pas en faire votre métier pour autant ? Vous voulez vous lancer dans une démarche de collecte (ou de mécénat) et partir sur de bonnes bases ? Je vous explique dans cette nouvelle Parenthèse comment procéder.
Cette Parenthèse est tirée d’un atelier que j’ai eu le plaisir et l’honneur d’animer en complicité avec ma consœur Mathilde Salvaire, le 11 avril 2019 lors du colloque annuel du groupe régional Occitanie de l’AFF (Association Française des Fundraisers). #AffTlse2019 #VisMaVieDeFundraiser
Quelques prérequis avant de se lancer
Le fundraising c’est comme la bonne cuisine : les ingrédients, le temps de préparation et la bonne recette sont indispensable pour obtenir des résultats.
Pour obtenir du résultat, vous devez comprendre une règle essentielle du fundraising avant de vous lancer : la règle des 80 / 20 (ou loi de Pareto). On peut la résumer de la manière suivant : la collecte effective ne représentera que 20% de votre temps dans l’ensemble de la démarche. Les 80% restants seront surtout consacrés à trouver « le » bon angle d’approche d’un donateur potentiel et à mobiliser et coordonner vos parties prenantes (équipes, bénévoles, gouvernance, partenaires actuels, alliés).
Aussi, avant de foncer tête baissée, vérifiez que vous êtes bien au point sur ce qui suit :
- Connaissez-vous la différence entre le mécénat et le parrainage ? Etes-vous éligible à la procédure de rescrit fiscal ?
- Que voulez-vous proposer à vos donateurs (projets, type de collaboration, etc.) ?
- Combien de temps avez-vous devant vous (sachant qu’un minimum d’1 an est nécessaire pour obtenir les premiers résultats) ?
Une fois que vous vous êtes posé ces quelques questions, vous pouvez appliquer la méthodologie que j’applique systématiquement avec les projets que j’accompagne : le Cercle du Fundraising.
Le Cercle du Fundraising : une histoire sans fin
Le principe de cette méthodologie est qu’elle permet une amélioration continue de votre démarche de collecte. C’est une démarche dite « incrémentale » et « itérative ».
Plus vous travaillerez les aspects stratégiques, plus vous serez à l’aise pour passer à l’action (collecter), et plus vous ferez des erreurs qui vous permettront d’ajuster le tir.
Cette méthodologie vous permet donc de vous poser les bonnes questions au bon moment (et dans le bon ordre !). Le Cercle du Fundraising se met en oeuvre en 10 étapes.
1) Apprenez à vous connaître
Réalisez votre propre audit interne et externe, en prenant bien soin de repérer vos concurrents et de vous intéresser à ce qu’ils font. Organisez des réflexions au sein de vos équipes pour que la démarche soit collective et partagée. Favorisez l’intelligence collective pour être le plus proche de la réalité de votre organisation.
2) Construisez votre base projet
Faites le point sur tous les projets que veut mener votre organisation sur les trois prochaines années. Comprenez les enjeux, définissez les impacts que ces projets auront sur vos bénéficiaires, et surtout déterminez le budget nécessaire pour chaque projet.
3) Fixez votre objectif de collecte
A partir des données budgétaires collectées à l’étape 2, définissez un objectif de collecte sur trois ans et qui couvre tous vos besoins. Si votre organisation agit dans plusieurs pays, veillez à ce que l’objectif soit exprimé dans la même devise.
4) Bâtissez votre business model de campagne
En fonction de votre objectif, définissez quelle sera la part de dons majeurs dans votre objectif (60% de l’objectif), de grands et moyens dons (20%), de dons simples (10%). Vous définirez ainsi les montants à demander aux différents types de donateurs et le nombre de donateurs qu’il vous faudra pour chaque palier de don (10% de vos donateurs pour obtenir 60% de l’objectif de collecte, 20% pour atteindre 20%, et 60% pour atteindre 10%).
5) Construisez votre offre donateur
Selon les paliers de dons définis, faites le tour des privilèges, marques de reconnaissance publiques et privées, invitations à vos événements, éléments de reporting, courriers personnalisés… Tout ce que vous êtes en mesure de proposer à un donateur qui lui démontre votre reconnaissance et fait de lui une véritable partie prenante de vos projets. Hiérarchisez et priorisez les contreparties en fonction du montant de don espéré.
6) Rédigez votre plateforme de discours
Posez sur le papier les éléments de langage que vous allez utiliser pour convaincre en externe (case for support, plaquette de mécénat, phrase ascenseur, etc.), et assurez-vous que l’ensemble de votre équipe de campagne les partage et les a bien intégrés. Clarifiez bien votre projet associatif et mettez en valeur vos singularités. Et surtout faites attention au jargon ! Cette « plateforme de discours » permettra à tout le monde d’être sur la même longue d’onde et d’aller plus vite dans la phase de sollicitation.
7) Identifiez vos cibles
A ce stade vous pouvez commencer à construire votre base de contacts, en priorisant vos cibles selon la méthode de segmentation LIC (lien – intérêt – capacité). Pensez à des prospects donateurs potentiels, mais surtout à des alliés, relais, des personnes de confiance qui pourraient devenir vos ambassadeurs et vous permettre d’accéder à vos prospects.
8) Préparez votre plan d’action
Selon les cibles que vous aurez définies, définissez l’approche pour chacune d’entre elle (du one to one pour les donateurs majeurs au one to many pour les donateurs simples). N’oubliez pas non plus de préparer votre budget, un rétroplanning et de construire vos outils de suivi. Cela vous permettra en cours de campagne d’ajuster vos efforts et ceux de vos équipes.
8) Collectez !
Vous êtes fin prêt à vous lancer dans le grand bain ! Gardez en tête que vous êtes sur des approches de long terme et que vous devez prendre le temps de cultiver une relation avec vos prospects avant de solliciter un don auprès d’eux. Prenez conscience qu’un donateur fidèle se mérite, et que vous devez continuer vos efforts même après le premier don.
10) Evaluez, capitalisez… et recommencez !
Faites le point et revisez vos objectifs, faites un bilan avec vos équipes, votre gouvernance, ou même vos donateurs / mécènes partenaires pour recueillir leurs retours bienveillants. Evaluez votre impact et assurez-vous qu’un reporting rigoureux de vos actions est fait auprès de votre donateurs (et qu’il correspond à ce que vous leur avez promis par la même occasion).
Conclusion : le fundraising c’est beaucoup bon sens !
Vous l’aurez sans doute compris, le fundraising ce n’est vraiment pas la mer à boire. Pour vous assurer que votre démarche prenne et dure sur plusieurs années, voici quelques conseils pratiques :
- Partagez la démarche en interne, faire des points réguliers avec vos collègues pour partager vos succès (et même vos échecs),
- Associez votre gouvernance aux réflexions et aux rendez-vous que vous faites (surtout pour des rendez-vous avec des donateurs majeurs),
- Restez en contact régulier avec vos prospects et envoyez-leur de vos nouvelles, intéressez-vous à eux,
- Chouchoutez vos donateurs et vos ambassadeurs, passez du temps avec eux et prenez de leurs nouvelles régulièrement. Faites-leur un bilan de vos actions en avant première. Un donateur mécontent est la pire publicité que vous puissiez vous faire !
- Apprenez, enfin, à lâcher du lest et à vous pardonner vos erreurs. Collecter est déjà suffisamment difficile, vous n’avez pas besoin de vous accabler de reproches.
Et si malgré tous ces bons conseils, vous n’y arrivez-pas, il est toujours temps de recruter un fundraiser. Rendez-vous dans la Parenthèse n°13 pour savoir comment travailler avec un fundraiser, ou contactez-moi !
Signé : Axelle
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