Dans la Parenthèse n°8, je vous expliquais pourquoi il était si difficile de collecter quand on porte une cause difficile. Point de fatalité cependant : il existe de multiples façons de contourner cela ! Dans cette nouvelle Parenthèse, je vous explique comment faire au travers de mon expérience avec une belle association que j’ai accompagnée ces derniers mois : le Mouvement Français pour un Revenu de Base.

Que fait le Mouvement Français pour un Revenu de Base ?

J’ai eu le grand plaisir de travailler début 2019 avec le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB). Créée en 2013 à l’issue d’une ICE (initiative citoyenne européenne), cette jeune association a pour mission de promouvoir le revenu de base dans le débat public afin d’aboutir à son instauration en France.

Pour comprendre davantage ce qu’est le revenu de base, voici une vidéo réalisée en 2017 :

Porté par plus de 1 000 adhérents et 30 groupes locaux, et appuyé par des personnalités politiques de tous bords, le MFRB a depuis sa création réalisé de nombreuses actions pour promouvoir le revenu de base. Très bien intégré dans l’écosystème mondial du revenu de base (UBIE pour l’Europe et BIEN au niveau mondial), le MFRB est devenu en quelques années très présent sur la scène politique française. En 2018, par exemple, le MFRB a été reçu à l’Elysée dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté, et a contribué au rapport de Cédric Villani sur l’intelligence artificielle.

En 2019, le MFRB se retrouve après 6 ans d’existence confronté à la nécessité de changer d’échelle. Concrètement, il lui faut développer ses ressources pour pouvoir pérenniser ses équipes et embaucher ses premiers salariés.

Mouvement Français pour un Revenu de Base

Pour autant, le MFRB doit composer avec deux freins majeurs pour développer sa collecte :

  • La question du revenu de base est une question clivante, bien que défendue par des personnalités politiques de gauche comme de droite. Véritable projet de société alternatif, elle constitue une solution à nombre de problématiques sociales, telles que la grande pauvreté, la précarité de l’emploi et le chômage, l’émancipation des femmes, l’égalité des chances, le développement des zones rurales, et même la construction de l’Europe sociale. Le revenu de base a donc tout d’une « cause difficile » (cf. définition dans la Parenthèse n°8).
  • Le MFRB, bien que reconnu d’intérêt général, n’a pas la possibilité d’émettre des reçus fiscaux permettant de défiscaliser les dons reçus au titre du mécénat.

Deux facteurs qui complexifient sérieusement la collecte et peuvent vous donner la migraine au quotidien.

Mais ce n’est absolument pas une raison pour baisser les bras. C’est même au contraire une excellente opportunité d’innover !

Si votre association est dans le même cas de figure, voici quelques conseils que vous pouvez appliquer pour contourner ces obstacles et construire votre stratégie de développement à 3 ans.

Conseil n°1 : Ne vous arrêtez pas au « non » émis par l’administration fiscale

Dès que vous recevez la réponse de l’administration à la procédure de rescrit fiscal, repartez à l’assaut ! Revoyez sérieusement votre argumentaire, et consultez un juriste ou un avocat, mais ne restez pas sur cette réponse.

Plus généralement, cela peut-être une opportunité pour repenser votre statut juridique : un autre statut ne serait-il pas plus approprié pour permettre à votre organisation de remplir sa mission (fonds de dotation, fondation abritée, etc.) ?

Cette réflexion est une bonne occasion de (re)penser jusqu’au bout votre stratégie de développement des ressources à 3 ans, et de bien anticiper vos besoins.

Conseil n°2 : Plus que jamais, diversifiez votre modèle économique

Les associations et ONG ont trop tendance à envisager le développement des ressources sous un seul angle : le mécénat d’entreprise, les dons majeurs, le crowdfunding, etc.

Quel dommage quand on connaît la diversité des leviers à votre disposition !

Si votre organisation porte une cause difficile, avec le risque donc que cela complexifie vos démarches, la meilleure stratégie pour votre organisation sera donc de diversifier un maximum les ressources issues de la générosité privée. Dons de particuliers, dons majeurs, partenariats entreprises, appels à projets de fondations, micro-dons, abondement ou matching gifts… A vous de trouver le bon « mix » entre tous ces canaux !

Mais la réussite de votre modèle économique tiendra également à un savant mélange entre générosité privée, fonds publics (subventions publiques locales, fonds européens) et d’autres modes de financements (adhésions). Et ce d’autant plus si le Trésor public vous refuse la possibilité d’émettre des reçus fiscaux.

Enfin, veillez à bien évaluer vos besoins jusqu’au bout :

  • N’y a-t-il pas d’autres ressources qui vous permettraient de vous développer (don en nature, mécénat de compétence, bénévolat) ?
  • Ne pouvez-vous pas co-construire certains projets avec des organisations partenaires (campagnes de plaidoyer ou colloque par exemple) ?
  • Votre organisation est-elle éligible aux dispositifs d’aide à l’embauche d’un.e premier.e salarié.e ?

Quoiqu’il en soit, n’ayez pas peur de « penser en dehors de la boîte » ! Votre cause est unique, et verser dans le conformisme au niveau de votre campagne de collecte la desservirait. Vous avez la grande chance de pouvoir casser les codes et bousculer les habitudes : cultivez cette attitude même avec vos donateurs.

Conseil n°3 : Identifiez vos alliés les plus fidèles

Même si votre cause est réputée difficile, vous avez très certainement un réseau d’alliés sur lequel vous appuyer.

Il peut s’agir d’autres associations, ONG, mouvements ou même partis politiques, qui peuvent relayer vos projets.

Mais vous avez surtout et très certainement des personnalités dans votre environnement immédiat, sympathisantes de votre cause et qui accepteront de vous aider. Et si elles ne peuvent vous faire un don, leur carnet d’adresse vaut de l’or !

Pour les trouver, il faut déjà les chercher :

  1. Commencez par réunir votre bureau / comité d’ambassadeurs / comité exécutif
  2. Réalisez ensemble une cartographie des acteurs avec lesquels vous travaillez actuellement ou avez travaillé.
  3. Commencez à pré-remplir votre base de contact, et qualifiez les différents contacts identifiés (en veillant à rester GRPD friendly)
  4. Une fois les contacts prioritaires définis, contactez-les et rencontrez-les pour leur présenter vos projets.
  5. Une fois la dynamique lancée, remerciez-les et surtout cultivez soigneusement vos relations avec ces précieux alliés.

Si cette démarche demande un véritable investissement en temps et en ressources de la part de vos équipes bénévoles, elle en vaut largement la peine !

Conseil n°4 : Segmentez soigneusement votre base de contacts

En plus de tout le travail de cartographie réalisé précédemment, lancez vous dans un benchmark de votre environnement concurrentiel. Très concrètement, il s’agit de regarder :

  1. Comment la cause que vous portez est comprise par le grand public (et donc par des donateurs potentiels qui s’intéresseraient à votre cause)
  2. Ce que font les organisations concurrentes en matière de fundraising, et comment la vôtre se place dans cet environnement-là

Ce travail de recherche vous permettra de commencer à qualifier votre base de contacts et à gagner un temps précieux pour la suite.

Il n’y a rien de pire en effet que de travailler avec un fichier de prospection avec 300 contacts non qualifiés ! Non seulement vous n’arriverez pas à tout suivre en même temps, mais vous aurez aussi le plus grand mal à prioriser vos approches. Et vous manquerez enfin de pertinence quand vous solliciterez vos prospects et alliés, ce qui n’est jamais bon pour une première impression.

Conseil n°5 : Osez voir plus loin que la France

Si votre organisation est particulièrement bien identifiée au niveau mondial sur la cause que vous portez, n’hésitez pas à aller chercher des prospects au-delà des frontières nationales.

Vous êtes déjà suffisamment isolés par votre cause, ne restez pas coincés dans le syndrome du petit village d’irréductibles Gaulois !

A l’échelle européenne par exemple, regardez quels sont les fonds européens auxquels vous pouvez prétendre. Regardez quelles fondations européennes sont actives sur votre cause, et renseignez-vous également sur les grands philanthropes européens ou américains : ils peuvent être bien plus sensibles à votre cause que les philanthropes français.

Conclusion : Le fundraising est un sport d’endurance

Développer ses ressources n’est jamais simple, et ça l’est encore moins quand on porte une cause difficile.

Pour prêter le moins possible le flanc à la critique, professionnalisez un maximum votre approche et votre relation avec vos alliés, donateurs, partenaires. On vous pardonnera toujours votre authenticité, mais beaucoup moins des approches bancales, des maladresses ou des relances trop insistantes.

Et si vous avez déjà appliqué tous ces conseils et que votre campagne ne décolle pas, laissez le temps au temps !

Ou alors contactez-moi pour qu’on en discute 😉

Signé : Axelle

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  1. […] Et si vous voulez savoir comment collecter quand on porte une cause difficile, rendez-vous sur la Parenthèse n°9 – 5 conseils pour réussir à collecter pour une cause difficile. […]

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